10:35 – Entrée au Tigre Géant, rue Eddy. Il n’y a pas de client sur l’étage
supérieur. Une employée place de la marchandise lentement. Un air de Noël se fait entendre. Il n'y a aucune conversation. On circule un moment, l'inventaire de tout côté.
Un homme portant une chemise un peu sale et des jeans troués entre dans le magasin. Il est le seul client qu'on voit présentement.
Cet
étage est destiné aux commodités. Dans le coin droit arrière, se trouve la section pour les animaux. Il y a un escalier pour chiens qui sert à monter
dans les lits; un chat au regard vide sert à faire la
promotion d’un « chasse souris ».
Une
cliente entre sans qu'on la remarque. Elle observe la multitude de pyjamas en reniflant, les prenant tour à tour dans ses mains. Elle tient un gros
sac d’Uniprix. Elle a les
cheveux tout ébouriffés. Elle choisit un
bas de pyjama rouge carotté, le dépose sur son bras et s’éloigne.
Trois vieux monsieurs entrent et se dirigent vers l’escalier.
Le tigre propose aussi une assortiment de jouets pour enfant. Parmis eux, des haltères/hochets en plastique qui, selon l'emballage, « permet d’accélérer le
développement des habiletés motrices ». Nicolas prend un petit sapin de Noël de plastique transparent dans ses mains. Alex s'exclame : « C’est 6$, ça…».
Nicolas appuis sur un bouton et le sapin commence bruyamment à jouer de la musique
du
temps des fêtes. Par crainte d’attirer trop d’attention, on
s’éloigne vers la section des vêtements. On est marqué par un pyjama de
flannelette de taille moyenne qui semble gigantesque.
Alexandre le prend et le met devant lui pour voir s’il lui fait. Les
jambes sont trop longues de presque un pied. « Si ça, c’est le médium, imaginez
le x-large ». Trois minutes plus tard, la musique du sapin miniature
joue encore.
Nous finissons par descendre dans la section épicerie du Tigre Géant.
Dû
à l'absence de fenêtres, l’astre du jour, ne pouvant atteindre cet
endroit, est substitué par des néons. Ici, la musique est plus forte. La
musique de Noël laisse place de façon abrupte à la chanson « tu me déranges » d’un groupe rock-punk Québécois.
Un téléphone sonne.
Il
y a des congélateurs dans la salle. Ils font un léger bruit de fond, un
« vroum » constant. Ceci se fond avec le bruit de déchargement des marchandises: « cling-clang ».
Hors de vue, une conversation : « t’as-tu d’la Vaseline? » demande un client.
Un homme avec un panier d'épicerie dévisage Maija, qui a les yeux sur son cahier de notes.
La radio annonce le nouvel album de Justin Bieber. Contraste, la musique punk laisse place à du pop. québécois.
Un homme en cravate avec un « nametag » interpelle Maija et il lui demande s’il peut l’aider. Elle répond que non. Il s’éloigne lentement et retourne classer des puddings.
Une vieille femme, très petite, avec une poussette dans laquelle est assis un jeune garçon, parle de poissons et frites. Quand l’enfant renverse une boîte avec ses pieds, elle s’indigne : « Té pas drôle toé! Toi té bottes ma t’en câlisser une – j’t’amène pu au magasin, Chte laisse chez nous, j’t’écoeurée! » L’enfant pleure.
On
discute un instant. Une employée qui place des boîtes de mouchoir nous
observe du coin de l’œil. On s’éloigne d’elle.
Un vieil homme fouille dans le congélateur. Il sent la cigarette à plein nez.
La vieille femme ignore l'enfant qui crie.
Une
vieille femme avec un gros chariot se dirige vers nous. Elle nous force à l'esquiver, nous bifurquons vers l’allée
des produits laitiers.
C'est au tour de Nicolas de se faire remarquer. On lui demande s'il a besoin d'aide. Il répond que tout va bien.
Trois
jeunes femmes intègrent la ligne de la caisse où se vendent les cigarettes et les billets de lotto. Les deux autres caisses sont abandonnées.
Nous observons l'étagère à bonbon, constatant des friandises
qui nous étaient jusqu'à présent inconnues : des petites boules
blanches à saveur de tarte aux pommes et d'autres à saveur de gâteau aux
fraises!
Une femme parle en anglais en gesticulant à l’homme en cravate. Celui-ci offre une certaine distance, les bras croisés, avec un air taciturne.
La musique de Noël reprend. Une autre jeune femme descend, suivie par un jeune homme. Ils croisent nos regards, mais très brièvement.
Puisque
l'on se sent observé, on remonte à l'étage. On discute
un instant devant les rideaux en faux suède. On passe aux accessoires de cuisine, dont nous questionnons l'utilité. La conversation dérive sur notre tendance à posséder beaucoup plus
de tasses qu'il est possible d'utiliser.
Il y a un murmure de conversation en provenance d'un peu partout dans le magasin.
On
se demande s’il est le temps de passer à autre chose, mais on se
fait distraire par l'éventail d'objets sur lesquels figurent des
chats : carte de fête, vêtements, litière, peluches, jouets pour chat, sacs cadeaux.
Un homme bien habillé
passe. Il nous regarde, les sourcils froncés.
Une
femme
corpulente, le visage bourré de
maquillage, cherche des accessoires de salle de bain. Une autre femme, petite et trapue, demande de l'aide auprès
d'une employée.
On
remarque une table sur laquelle sont empilés des jouets. D'un côté,
des carabines à fléchette avec des cibles en forme d'oiseau et de
l'autre, des jouets de coiffure rose et mauve pour fille. Maija
s’offusque de « l'hétéronormativité » de ces « bebelles ».