lundi 26 novembre 2012

Tigre Géant







Place du portage

 Sur notre chemin vers la Place du centre sur la Promenade du Portage, on croise deux filles déguisées en casseau de frites!


Heure du midi – Place du Centre, foire alimentaire.



Il y a des fonctionnaires partout, tous bien habillés. Leurs cartes d'identité se balancent de leur hanche ou leur cou. D'où nous sommes assis, nous remarquons que douze hommes portent des polos avec des lignes verticales ou horizontales, quatre sont en habits, et trente-deux ont une chemise. Un homme en chemise-cravate approche la ligne du Thaï express, lentement, les yeux rivés sur son cellulaire. Une jeune femme, habillée tout en noir, se tient contre un poteau, à l’arrière du corridor de sangle du Thai Express. Sa fonction est d'écrire la commande des clients sur un petit carré de papier. Les gens qui ont leur papier se dirige ensuite docilement vers le comptoir. Ils remettent leur papier au cuisiniers et attendent leur repas.

Il y a un grand sapin de Noël en plein milieu de la foire. Beaucoup de gens: beaucoup de mouvements, les gens se lèvent, s'assoient, marchent, cabaret dans les mains. Les commerces sont très fréquentés; les files d'attente sont longues. La conversation est entremêlée et omniprésente, autant en anglais qu'en français. La plupart des gens autour de nous mangent, tout en discutant, assis à leur table. Dans l'assiette des gens, on remarque beaucoup de variété: pâtes, soupes, riz, hamburgers. Il y a de nombreux obèses. Les gens entrent et sortent continuellement comme des électrons qui vont et viennent à travers un fil électrique. Le courant  est continu: le flux de particules est constant.

Les particules ont une apparence variée:
Une femme portant une veste rouge attend, les yeux rivés vers ses mains jouant avec un morceau de papier. 

Un vieil homme en cravate mange seul. Un vieil homme obèse s’appuyant sur une canne passe avec son dîner et une canne de coke. Ça sent le thaï. 

Un autre homme seul s’assoit à côté de nous; il lit le Journal de Montréal. Les tables à notre droite et à notre gauche parlent vivement.

Toutes les tables sont maintenant occupées. Trois jeunes femmes sont assises à  droite. Une parle pendant que les deux autres acquiescent de la tête, gardant les yeux baissés sur leur assiette.
La ligne du Thaï express est enfin finie. L’employée qui prenait les commandes alors que c’était occupé se tient debout, immobile.
Beaucoup de gens du sexe masculin portent des chemises rayées et en carreaux. Un certain nombre de personnes porte un attirail assez propre. Les gens de sexe féminin portent des  vêtements différents les uns des autres. 

On suit le flot en s’éloignant de la foire alimentaire.
Une belle sacoche passe, suivant sa propriétaire dans le Dollar ou Deux. Dans ce magasin du dollar, deux jeunes femmes travaillent à la caisse. Une rit de la blague de son client.
Une femme regarde une boucle de Noël immense. Une autre femme parle de ses congés de Noël. L’allée des décorations de Noël est très chargée.  

À chaque coin, il se tient une personne avec une carte d’identité du gouvernement à la hanche ou autour du cou, regardant la marchandise.
Une paire de femmes avec les cheveux très raides discutent de leurs achats. Une autre femme tient un téléphone dans une main, jonglant un plateau doré en plastique de l’autre.
Une femme est penchée si bas que son cul est en l’air, alors qu’elle regarde des objets en plastique sur l’étagère du bas.
Plus d’une personne lance un son d'impatience (tskkk) alors que Maija ne bouge pas assez rapidement, ralentissant la circulation du courant. 
Deux femmes dans la quarantaine se dirigent vers la caisse, les mains pleines d'objets en plastiques.
On se dirige vers la section des cartes. Il n’y a personne, mais deux sont à proximité, dans la section du papier d’emballage. Une femme portant un manteau de cuir reluisant examine un linge de 1$.
Il y a quatre personnes en ligne pour la caisse. Huit autres personnes s’engouffrent dans le petit magasin. On s'installe près d'un présentoir à l'entrée du Dollar ou Deux, dans une intersection du corridor. L'endroit est très achalandé: il s'agit d'un carrefour, à deux vois.

D'une part, il y a une voie devant nous qui mène à la foire alimentaire, et une autre à notre gauche qui en sort. Un type avec un coupe-vent sur lequel il y a des drapeaux de différent pays est assis sur un banc et regarde passivement les gens aller et venir. 



La circulation est tout aussi continu ici que dans la foire alimentaire; il y a toujours autant de conversation inaudibles. Les gens arrivent et sortent de plusieurs directions. Toutefois, on peut parler d'un calme relatif. Proche de notre endroit, il y a un magasin vendant des articles féminins (vêtement, maquillage). Un groupe de jeunes filles y entre en discutant de façon rapide et excitée.

Les gens passent en paires ou seul. Un homme dépose son café sur le présentoir contre lequelle nous sommes appuyés, jouant avec son cellulaire. Plusieurs des gens qui passent tiennent un contenant de styromousse dans les mains, ou bien des tasses de café.

Le père de Nicolas passe près de lui, il ne le reconnaît pas. Quelques instants plus tard, il repasse, avec un plat de thaï dans ses mains et il ne le remarque toujours pas.

13h approche, le couloir se vide. Deux hommes s’approchent du comptoir et nous demandent de se tasser pour qu’ils puissent prendre des dépliants publicitaires. C’est alors que nous les remarquons.

On en ramasse également une copie. Il s'agit d'un dépliant dans lequel se trouve une carte de la Place du centre et une description des commerces et restaurants.
Le débit du couloir descend de manière remarquable alors que plus en plus de gens se dirigent vers leur bureau. 

Costco

13 :26 – Stationnement des Promenades, proche du Costco.

On se stationne. On regarde autour, tout est calme. Il y a le bruit des voitures qui passent dans l'arrière-plan. Soudain, une alarme de voiture se met en marche : «BIP»  «BIP» «BIP»  «BIP». Le son répétitif fini par s'arrêter. Il y a peu d'humains dans le parking. Un «pick-up»  passe devant nous, conduit par un monsieur obèse. Une voiture démarre à proximité. Mise à part de cela, il y a aucun mouvement dans le stationnement.

Alexandre dit : « J’me demande, si on prenait le restant de gaz dans tous les chars ici, jusqu’où on pourrait rouler? »
Presque une voiture sur deux est une VUS.

On déambule dans le stationnement, se dirigeant tranquillement vers le Costco, on entre à l'intérieur.



Dans le hall d'entrée, nous observons les gens qui entrent au Costco avec un panier vide, et en sortir avec une panier rempli. À l'entrée, un agent du Costco vérifie les cartes de membres, alors qu'à la sortie, deux d'entres eux vérifient les factures. Le rituel se répète sans cesse, presque sans d’interruption, comme une fourmilière. On entre… On sort… On entre… On sort…

Mini-Wheats. Papier d’emballage. Boisson gazeuse. 

Il y des bancs rouge en acier dans la salle. On est assis sur l'un d'eux. De nombreuses vieilles personnes, certaines avec bonbonnes d'oxygène, sont assises sur ces bancs et regardent passivement les gens transiter. Les conversations sont nombreuses, mais largement inaudible en raison du mouvement constant. Une vieille femme, habillée de manière sportive, une canne l’aidant à marcher, sort avec seulement un gros bouquet de fleurs, un sourire aux lèvres.


Papiers de toilettes. Soupe Campbell. Coors Light. Détergent. Trois caisses de Heineken.

Un homme chauve sort avec une caisse de bière. Un autre homme sort avec une crème glacée. Un couple de personnes âgées sort avec un chariot empiler de caisses de bières.

Budweiser. Dole. Heineken. Molson. Papier toilette.

Un vieil homme avec une bouteille d’eau en plastique vide dans les mains est assis au bout du banc, proche de la porte. Il observe depuis tantôt.

Bouteilles en plastiques colorées. Coors Light. Tide. Perrier. Orange Crush.

On entend les roues de chariot qui tournent et grincent, et le son de métal-contre-métal.

Huit têtes de laitue. Deux gros pains blancs. Un sac de pharmacie. Papier toilette.

Un vieil homme portant la veste rouge et l’identification d’un employé du Costco s’assoie juste à l’extérieur de la porte, sur un banc, aux côtés d’un autre vieil homme qui tient sa marchette devant lui. Ils parlent en riant. L’homme avec la veste tient un calepin sur ses genoux. « Allô mon beau garçon » lance-t-il à un passant anonyme.


120 Coors Light. Coca-Cola. Ruffles. Tropicana. Jus de canneberges. Tide.

Un groupe de plusieurs jeunes sortent avec un chariot rempli de vêtements.

500 couches. Orville. Tropicana. Stella Artois. Corona. Scotties.

Une femme avec un chariot rempli de papier toilette, mouchoirs, et serviettes en papier s’assoit sur le banc. Elle se lève, fouille ses poches, trouve ses clés, et quitte.

Petits faux arbres illuminés. Alexander Keith. Huit têtes de laitue. Six laits soya.

Toc-toc-toc, le bruit des pas.

La Parisienne. Stella Artois. Coors Light. Coca-Cola. Deux douzaines de petits pains. Bud Light. Quaker Oats. Lays.

Vingt-quatre cannes de Orange Crush
Douzaine de pamplemousse.
Huit têtes de laitue.
Deux livres de carottes.
Une caisse Budweiser.

…Il est temps de s’infiltrer au sein de la fourmilière.

Tout est grand format. De grosses télévisions HD attirent le regard dès les premiers pas à l’intérieur du magasin. Une allée est dédiée aux contenants de noix grand format. Un peu plus loin, des monticules de DVDs ont une place d’honneur au milieu de la salle.

Les conversations sont constantes mais en mouvement. On vient et on part dans les allées, de manière presque automatique. On y retrouve toutes sortes de gens: habillés malpropre, qui parle le patois du secteur Gatineau, des femmes avec le visage beurrée de maquillage, ainsi que le type fonctionnaire, bien habillé mais sans être glamour.

De grands espaces sont réservés pour la nourriture en grand format. On approche la viande pour photographier un trois kilos de viande hachée. Le boucher ouvre sa fenêtre et nous demande pourquoi on prend des photos. On ne lui répond pas directement. Il demande encore, plus brusquement. Alexandre répond qu’on fait un projet universitaire.

Le boucher demande si on a demandé la permission. Nous répondons que non. Il dit que c’est le privilège de Costco, qu’on ne peut pas faire ça. Alexandre lui demande comment il ne pourrait pas avoir le droit d’avoir son téléphone dans sa main. Alexandre et Nicolas s’éloignent. Maija s’obstine avec le boucher, lui annonçant qu’elle prend en note ce qu’il a dit. Elle ajoute ironiquement qu’elle espère que ce n’est pas aussi du privilège du Costco. Il lui demande s’ils sont membres. 

Alors que Maija prend en note l’interaction, le boucher offusqué demande au boulanger d’appeler un gérant, parce que « ils prennent des photos partout! ». Le boulanger appelle le nom d’une personne, mais personne ne vient. Au grand déplaisir de Maija, le boucher ferme la fenêtre et s’éloigne avant qu’elle puisse lui demander pourquoi le privilège Costco lui importe tant.

Accotés contre des gros formats de gâteaux dont l'apparence nous dégoûtent, nous discutons de l’incident de la viande. On déambule vers le reste du magasin, passant par les gros formats de jus.  Une femme qui offre des essaies de fruits congelés attire l’attention de Maija. Sur le sac, c’est écrit « Superfruits ». Elle s’approche et demande à la femme derrière le comptoir pourquoi les fruits sont si supers. « Ben, ça ramène l’été, en plein hiver. » « Ça vient d’où, de la Californie? » L’employé regarde. « Oui, justement! Mais, c’est congeler à Laval! » Maija essaie les fruits, concluent qu’ils ne sont pas si super. Durant ce temps, l’employée continue son texte de vente appris par cœur. « que ferions-nous sans la Californie! » Maija lui envoie d’un ton sardonique. « Oui… Mais on a même pas besoin d’y aller maintenant! ».
     
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